Preparations hospitalieres et magistrales

veille bibliographique en langue française sur la préparation/fabrication de médicaments en pharmacie à l'hopital et en pharmacie d'officine

Détecter et quantifier les bactéries dans les médicaments : une nouvelle méthode ! — 6 août 2015

Détecter et quantifier les bactéries dans les médicaments : une nouvelle méthode !

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Une équipe portugaise présente l’utilisation d’une technique par spectroscopie proche de l’infrarouge par transformée de Fourier (FT-NIRS), pour la détection et la quantification de la contamination bactérienne dans les préparations médicamenteuses.

Même pour les préparations non stériles commercialisées, la réglementation pharmaceutique (Pharmacopée Européenne) exige de prouver l’absence de certains germes dans le médicament : E. coli, Staphylococcus aureus, P. aeruginosa (le bacille pyocyanique), B. subtilis et Salmonella spp. Pour les préparations non stériles, le seuil d’acceptation des germes aérobies est de 100 UFC/mL.

Les méthodes décrites dans la littérature pour détecter et quantifier les bactéries sont la chimiluminescence, la bioluminescence ATP, les méthodes chromatographiques et spectrophotométriques, les méthodes par réduction d’un colorant, par résistance électrique, par réaction enzymatique, par sonde d’acide nucléique, et par technologie d’interaction avec des phages.

Cette technique doit être combinée à une méthode chimiométrique d’analyse des données (méthode PLS). Elle a l’intérêt d’être en routine rapide à mettre en oeuvre, peu coûteuse et non destructrice. La calibration en amont et la mise au point est cependant complexe.

Pour démontrer l’intérêt de cette technique, les auteurs ont :

  • fait la preuve du concept à partir de solutions de NaCl volontairement contaminées par B. subtilis, E. coli, P. fluorescens, S. enterica, Staph. epidermidis.
  • employé la technique mise en oeuvre pour valider cette approche dans 3 types de préparation : une solution pour lentilles de contact, un sirop pour la toux à base de dextromethorphane et une lotion externe à base d’anti-inflammatoire.

La méthode est suffisament discriminante pour identifier une solution contaminée comparativement à une non contaminée, excepté pour E. coli. la matrice de confusion a mené à une prédiction correcte dans 99,9% des cas pour S. epidermidis et 99,5% pour S. aureus. Les difficultés en termes de discrimination survenaient systématiquement pour les concentrations les plus faibles (10 UFC/mL).

Dans les préparations, la méthode a été capable de discriminer une préparation contaminée avec 1 germe, d’une préparation non contaminée. par ailleurs il a été possible de quantifier la concentration en souche bactérienne avec la technique.

Les auteurs rappellent que cette technique est très sensible aux variations de température (de la pièce et de l’échantillon).

Butorphanol et granisetron : stabilité du mélange pour PCA —

Butorphanol et granisetron : stabilité du mélange pour PCA

Le butorphanol est un analgésique, dérivé opioïde ayant une activité μ1 agoniste antagoniste et partiel, μ2 antagoniste, κ-agoniste et σ-agoniste ; contrairement à des morphiniques il  semble moins émétisant, moins dépresseur cardio-respiratoire et moins hypothermisant. Des données d’instabilité du butorphanol quand mélangé à du lansoprazole ont été rapportés.

Le granisetron est un antagoniste des récepteurs de type 3 à la sérotonine indiqué comme anti-nauséeux et anti-vomitif puissant.

Une étude clinique avait relevé l’intérêt de cette  association comme analgésique et pour la prévention des nausées et vomissements.

Des auteurs chinois ont étudié la stabilité d’un mélange butorphanol-granisetron pour administration dans le cadre d’une PCA, dans des poches en polyoléfine et des flacons en verre, à 4°C (14 jours à la lumière ou dans le noir) et à 25°C (48h). Le butorphanol est à une concentration de 0,08 mg/mL et le granisetron à 0,03 et à 0,06 mg/mL.

La méthode de quantification par HPLC était de type indicatrice de stabilité.

Aucun signe d’instabilité (concentration, pH, caractère organoleptique) n’a été retrouvée quelque soit la condition étudiée.

APROKAM ? préparation hospitalière de cefuroxime ? Enquête mondiale de 2014 auprès des ophtalmologistes sur leur pratique en termes d’antibioprophylaxie de la chirurgie de la cataracte — 2 août 2015

APROKAM ? préparation hospitalière de cefuroxime ? Enquête mondiale de 2014 auprès des ophtalmologistes sur leur pratique en termes d’antibioprophylaxie de la chirurgie de la cataracte

Une enquête en ligne a été réalisée en 2014 publiée dans JCRS concernant les pratiques en termes d’antibioprophylaxie antibiotique dans le cadre de la chirurgie de la cataracte.

La chirurgie de la cataracte est la chirurgie la  plus réalisée dans le monde. L’un des risques post opératoires de cette intervention est l’endophtalmie. Des recommandations aussi bien européennes (2013) qu’américaines (2011) recommandent une antibioprophylaxie à base de cefuroxime injecté par voie intracamérulaire.

Cette enquête fait suite à une précédente enquête de 2007.

15% des membres sollicités de l’ASCRS ont répondu à l’enquête (65 % d’américains US,  9 % d’Européens).

Parmi eux 81% des répondeurs indiquent avoir entre 0 et 2 endophtalmies rapportées pour 10 000 interventions.

90% rapportent l’utilisation d’un topique antibiotique au cours de la chirurgie (avec la majorité employant les fluoroquinolones de 4ème génération).

En fin d’intervention, 36% réalisent une injection intracamérulaire (davantage qu’en 2007, avec 14% des répondeurs).

Par voie intracamérulaire, la moxifloxacine (33%), la vancomycine (37%) et le cefuroxime (26%) étaient employés. Dans les cas où l’APROKAM (spécialité industrielle de cefuroxime uniquement disponible en Europe) n’était pas employé, les antibiotiques étaient préparés par les IBODE dans 65% des cas et par la pharmacie dans 24% des cas.

Ceux qui n’emploient pas la voie intracamérulaire le justifient par un manque d’évidence (65% des cas) et par les risques liés à la préparation de la seringue (49%).

Parmi ceux qui ne disposent pas de spécialité adaptée à l’injection intracamérulaire , 69% indique qu’ils utiliseraient la spécialité si elle était mise à disposition et à un coût acceptable.

Parmi les chirurgiens qui utilisent un antibiotique par voie intracamérulaire préparé (par la pharmacie ou dans le bloc), 94% ne rapportent aucune complication. Chez les 6% indiquant une complication, celles rapportées sont très majoritairement une inflammation/syndrome du segment antérieur toxique (24 réponses), une blessure au niveau de l’endothélium cornéen (10 réponses) et une infection (3 réponses).

Impact sur les budgets hospitaliers : les seringues de cefuroxime intra-camérulaire préparés dans les hôpitaux sont moins chères que la spécialité non adaptée ! —

Impact sur les budgets hospitaliers : les seringues de cefuroxime intra-camérulaire préparés dans les hôpitaux sont moins chères que la spécialité non adaptée !

Des membres de Théa ont comparé, dans le cadre d’une publication en libre accès, différentes stratégies économiques et l’impact budgétaire concernant l’injection intracamérulaire de cefuroxime en fin d’intervention ; les stratégies comparées étaient :

  • utilisation de l’APROKAM (spécialité industrielle de cefuroxime), qui nécessite une reconstitution avec 5 mL de solvant et reprise d’un volume avec une seringue de 1 mL pour injection de 0,1 mL.
  • Préparation d’une seringue prête à l’emploi de 1 mL contenant le cefuroxime à la pharmacie
  • Préparation d’une seringue dans le bloc

La comparaison des coûts s’est faite sur la base de données de coûts britanniques, rapportés sur 1000 interventions environ, sur 5 ans, et prend en compte les coûts de personnel, des consommables, des équipements et du cefuroxime lui même. La préparation faite à la pharmacie consistait en une préparation hebdomadaire de 26 seringues.

Le détail des coûts pour les 3 stratégies avec l’ensemble des ressources impliqué et un coût pour chaque  élément estimé à partir des données de la littérature est fourni.

Sur 5 ans, la stratégie la moins couteuse est la préparation à la pharmacie (55 875 livres), puis l’utilisation de l’Aprokam° (cefuroxime) (69 052 livres), puis la préparation dans le service (72 541 livres). Le coût du flacon d’aprokam est de 65 fois le coût de la seringue de cefuroxime.

Notons que les recommandations de préparation à la pharmacie décrites dans le formulaire national prévoient même la possibilité de préparer davantage de seringue, donc l’extrapolation sur le modèle français fournirait encore un coût moindre pour la préparation faite à la pharmacie.

Méfiance dans les publications en libre accès écrites par des personnels salariés de l’industrie pharmaceutique !

Erreur liée à une préparation et conséquence clinique : céfuroxime intracamérulaire et oedème maculaire transitoire —

Erreur liée à une préparation et conséquence clinique : céfuroxime intracamérulaire et oedème maculaire transitoire

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Des cas d’œdème maculaire transitoire ont été décrits après l’administration de seringues de cefuroxime par voie intracamérulaire 10 fois trop dosées.

Les ophtalmologistes ont étudié les conséquences de cette administration dans un article court.

La préparation des seringues était réalisée à la pharmacie, semble t il quotidiennement.

L’erreur provenait d’un changement dans la matière première employée (Cefuroxime° 1,5 g au lieu de 750 mg) et l’oubli d’une étape de dilution (la préparation a été faite par un autre membre non habitué de la pharmacie). Le contrôle libératoire n’a semble t il pas été fait ce jour là. L’hopital est alors passé vers un sous-traitant pharmaceutique pour effectuer cette préparation, suite à cet accident.

13 yeux ayant bénéficié de ce médicament préparé à la mauvaise concentration ont été étudiés. Une baisse de l’acuité visuelle était retrouvée de 19 à 75 %, et un retour à la normale était constaté au pire une semaine plus tard. Il semble que l’œdème maculaire transitoire retrouvé est lié à l’hyper-osmolarité de la préparation.