Preparations hospitalieres et magistrales

veille bibliographique en langue française sur la préparation/fabrication de médicaments en pharmacie à l'hopital et en pharmacie d'officine

Stabilité des médicaments à base de vitamine D après leur ouverture — 13 décembre 2017

Stabilité des médicaments à base de vitamine D après leur ouverture

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Les données de stabilité dans le cadre de l’utilisation de médicaments, indépendantes des laboratoires qui les commercialisent sont rares. Une équipe européenne dans le journal de pharmacie hospitalière européenne (EJHP) a évalué la stabilité dans 3 conditions de stockage (température ambiante, au réfrigérateur et à 40°C), après ouverture, de plusieurs produits contenant de la vitamine D (calciferol), à la fois sous forme buvable (médicaments en goutte) et sous forme de comprimés (compléments nutritionnels). Il en ressort que la vitamine D est généralement surdosée à l’ouverture (la tolérance est de 90 à 165% pour les produits nutritionnels selon les standards américains) ; aussi après ouverture, que ce soit des formes liquides ouvertes ou des comprimés, la teneur en vitamine D reste au-delà de 100% de la teneur théorique, au bout d’un an, à température ambiante et au réfrigérateur (entre +2 et +8°C).

Cependant le travail présente quelques écueils :

  • il n’est pas précisé si la méthode de dosage, par HPLC-UV, était indicatrice de stabilité.
  • Par ailleurs le risque lié au(x) produit(s) de dégradation formé n’est pas précisé.
  • Enfin, notamment pour les formes buvables qui présentent des teneurs et des cinétiques de dégradation très différentes, il n’est pas présenté d’hypothèse (liée à la formulation, …) permettant d’appréhender le phénomène retrouvé.

Même si les données comparatives, indépendantes des laboratoires, sont toujours utiles pour les utilisateurs, attention aux méthodologies présentées !

Pyrimethamine en pédiatrie ou dans les troubles de déglutition —

Pyrimethamine en pédiatrie ou dans les troubles de déglutition

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Une récente publication dans le journal de pharmacie hospitalière américaine (AJHP) relate la réalisation d’une préparation buvable à base de pyriméthamine et l’étude de sa stabilité, réalisée à partir de poudre de principe actif et d’excipients complexes de la gamme ORA (Paddock).

Cette étude a été réalisée dans un contexte de rupture de comprimés de pyriméthamine, qui pouvait permettre la réalisation de formes buvables, sur la base d’une publication plus ancienne. Par ailleurs la pyriméthamine garde une place prépondérante dans le traitement de la toxoplasmose (germe responsable : Toxoplasma gondii ou T. gondii) et la prévention chez des patients à risque (immunodéprimés préalablement exposés à T. Gondii, dont les patients VIH) ; la rupture de stock aux US de la spécialité ont pour conséquence potentielle de modifier les recommandations de prise en charge vers le BACTRIM° moins actif in vitro sur T. Gondii et susceptible d’engendrer des réactions allergiques (dus aux sulfamides). L’étude a été réalisée à partir de substances conformes à la Pharmacopée Américaine (USP). La formulation a consisté à une mise en suspension de la poudre dans ORA plus (agent suspendant), puis incorporation d’ORA SWEET (édulcorant). La forme liquide a été stable d’un point de vue physicochimique quand conditionné dans des flacons plastiques protégés de la lumière, au moins 45 jours quand à température ambiante, et au moins 90 jours entre +2 et +8°C. Avec le médicament conservé à température ambiante, une coloration légèrement rose puis jaune, à partir de 60 jours. La méthode de dosage avait été préalablement validée pour réaliser l’étude de stabilité, conformément aux standards américains (chapitre 1225 de l’USP).

D’autres formulations à partir de la poudre ont été testées, notamment quand mélangé à une suspension à partir de méthylcellulose, ou à partir de glycérine et aromatisant, mais ont conduit à des formulations non uniformes ou non satisfaisantes.

En France, à ce jour il n’existe pas de forme adaptée à la pédiatrie ou aux patients ayant des troubles de déglutition, impliquant la réalisation dans les pharmacies de gélules de pyriméthamine dans cette situation.

En 2015, un projet de formule liquide aussi dosée à 2 mg/mL avait été proposée au formulaire national, en France à l’ANSM.