Preparations hospitalieres et magistrales

veille bibliographique en langue française sur la préparation/fabrication de médicaments en pharmacie à l'hopital et en pharmacie d'officine

Le système par caméra vidéo DrugCam© permet-il une sécurisation absolue des préparations de chimiothérapies ?    — 30 janvier 2023

Le système par caméra vidéo DrugCam© permet-il une sécurisation absolue des préparations de chimiothérapies ?   

La production d’anticancéreux engendre plusieurs risques pouvant survenir à n’importe quelle étape. Un double contrôle humain pendant l’étape de préparation est préconisé. Néanmoins, il atteint rapidement des limites, tant en termes de ressources en personnel que d’efficacité. Ainsi, plusieurs alternatives ont été développées : les techniques « post-production », les techniques « in-process », et une technique combinant les deux : la robotisation.

Le système DrugCam© propose une approche de contrôle des préparations avec un système vidéo « intelligent » qui fournit des vérifications automatiques du processus, idéalement pendant les étapes critiques de la préparation.

Le système DrugCam© est composé de caméras positionnées à l’extérieur de la zone de travail, et utilise deux modules informatiques. Le module « Assist » permet l’analyse in process par l’opérateur qui est suivi en temps réel et est alerté en cas d’erreur.

Le module « Contrôle », accessible via une plateforme web, permet la libération pharmaceutique en post-production.

Des auteurs ont évalué les performances de ce système :

  • par analyse qualitative via la reconnaissance de flacons de médicaments cytotoxiques
  • par analyse quantitative via la validation de volumes d’échantillons.

Cette étude multicentrique a été menée à la fois dans l’unité de préparation de chimiothérapie du centre hospitalier de la Rochelle, et dans celle de l’institut Paoli de Marseille.

L’analyse qualitative a été évaluée en déterminant la sensibilité (faux positifs détectés par le système), la spécificité (faux négatifs détectés) et la précision de la détection de flacons de cytotoxiques, testés individuellement 100 fois.

L’analyse quantitative a été évaluée au moyen de la précision de lectures de graduations de seringues de différents volumes, lues 10 fois. La luminosité en fonction de la position de la caméra et des isolateurs a également été évaluée.

L’analyse qualitative a été réalisée sur 120 flacons (dont 17 dans les deux sites). La sensibilité était de 100% pour 84,2% des flacons et d’au moins 97% pour tous les flacons. La précision était d’au moins 98,5 % pour tous les flacons. L’analyse quantitative a testé 1164 graduations, soit 11640 lectures, et 244 erreurs (2,1%), dont 94% concernait la graduation la plus proche. Le taux d’erreur était lié au volume de la seringue, avec un taux maximal (5,3%) pour les seringues de 1 mL. 3% des graduations testées étaient en dehors de la limite admissible de 5%, dont 65,7% pour un volume inférieur à 0,13 mL. Aucun impact lié aux conditions d’éclairage n’a été observé, sur les paramètres de sensibilité et précision.

Parution de la nouvelle version des Bonnes Pratiques de Préparation ! — 21 septembre 2022

Parution de la nouvelle version des Bonnes Pratiques de Préparation !

Les bonnes pratiques de préparation (BPP) sont le référentiel opposable employé par les pharmaciens en officine et à l’hopital afin de garantir la qualité de leurs préparations pharmaceutiques.

Cette nouvelle version, disponible sur le site de l’ANSM, actualise celle de 2007 et a été élaborée par un Comité spécialisé scientifique temporaire (CSST) créé en 2016, notamment suite aux conclusions de l’IGAS sur des cas de contaminations survenues chez des nouveaux nés ayant reçu des préparations individualisées de nutrition parentérale. Ce CSST incluait des pharmaciens hospitaliers, officinaux, inspecteurs et universitaires, ainsi qu’à partir des propositions formulées lors de plusieurs consultations publiques. Elle devait également prendre en compte les évolutions scientifiques et réglementaires (étiquetage, …) depuis les précédentes BPP de 2007.

Cette nouvelle version est applicable à partir du 20/09/2023. D’ici là, la version des BPP de 2007 est celle qui s’applique.

On retrouve dans cette nouvelle version les nouvelles règles des bonnes pratiques organisées en 9 chapitres généraux, des annexes et deux lignes directrices (LD1 : Préparations de médicaments stériles et LD2 : Préparations de médicaments contenant des substances pouvant présenter un risque pour la santé et l’environnement), ainsi qu’un glossaire.

Deux autres lignes directrices (qui ont été soumises en enquête publique) devraient être rendues disponibles prochainement :

  • LD3, sur les Préparations rendues nécessaires par les recherches impliquant la personne humaine, y compris préparations de médicaments expérimentaux et
  • LD4, sur les Préparations de médicaments radiopharmaceutiques.

Par rapport à la précédente version de 2007, l’ANSM indique que :

« Cette version actualisée prévoit :

  • l’amélioration des démarches d’analyse de risque, grâce à différentes annexes pédagogiques ainsi qu’une approche pour aider à étudier la pertinence et la faisabilité technique de la préparation ; pour ce faire, un modèle de dossier de préparation est mis à disposition ;
  • l’élargissement des contrôles, y compris via de la sous-traitance, en lien avec les préconisations du rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur l’évaluation des pratiques en matière de nutrition parentérale pédiatrique de janvier 2015. Des recommandations sont ainsi formulées concernant les tests à effectuer et leur fréquence ;
  • le renforcement de la formation des opérateurs, avec notamment des exemples de fréquence des formations (en particulier concernant la préparation de médicaments stériles) ;
  • une modification des quantités maximales produites par lot, qui correspondront désormais à un nombre maximal de patients potentiellement traités par la préparation réalisée. »
Liste des médicaments nécessitant un filtre pour l’administration et/ou la préparation — 6 avril 2021

Liste des médicaments nécessitant un filtre pour l’administration et/ou la préparation

Des auteurs américains ont mis à jour en 2019 une liste des médicaments qui nécessitent un filtre soit pour l’administration, soit pour la préparation, selon la FDA (agence américaine du médicament), selon les informations du résumé des caractéristiques du produit.

Les éventuelles conséquences ou intérêt de la filtration ne sont pas évoquées dans l’article.

Comment réduire la contamination aux cytotoxiques dans les services de soins : à propos d’une étude sur les dispositifs de sécurisation de l’administration —

Comment réduire la contamination aux cytotoxiques dans les services de soins : à propos d’une étude sur les dispositifs de sécurisation de l’administration

Photo de Ivan Samkov sur Pexels.com

L’équipe de Saint Priest en Jarez a mené une étude (CONTAMOINS) avant/après au sein de sa structure en hopital de jour d’oncologie pour vérifier si l’implémentation de dispositifs de sécurisation de l’administration (DSA) réduisait l’exposition aux cytotoxiques sur les gants des soignants.

Ces dispositifs de sécurisation réduisent l’exposition au moment de la déconnexion du cathéter et au moment du rinçage des lignes de perfusion. L’efficacité de tels dispositifs est peu étayé dans la littérature (2 études).

Le dispositif évalué est celui de chez CAIR.

L’étude de la contamination sur les gants était réalisé par le dosage de 10 cytotoxiques différents. Ainsi 60 échantillons ont été analysés.

L’analyse d’un éventuel surcout était également réalisée.

La pratique avec les dispositifs a conduit à une baisse de la contamination de 58 à 15%.

Il est retrouvé une baisse de la contamination en cyclophosphamide et pemetrexed, mais pas en irinotécan (lié à une contamination croisée dans le service a priori).

Parmi les différents paramètres évalués, l’ajout de ces DSA est l’élément qui concourt le plus à une réduction de la contamination. Le surcout estimé est de 0,57 euros. Les autres paramètres (rythme de changement de gants, etc.) n’ont pas été significatifs.

Contrôle qualité des chimiothérapies par UV Raman : comparaison à la chromatographie — 8 mars 2021

Contrôle qualité des chimiothérapies par UV Raman : comparaison à la chromatographie

Les chimiothérapies sont reconstituées de manière centralisée dans les pharmacies des hopitaux, afin de réduire l’exposition des soignants aux produits, et pour permettre une meilleure gestion des restes de flacons (reliquats). Ces reconstitutions sont adaptées à chaque patient, en terme de dose, en fonction de son poids, etc,…

Pour améliorer les modalités de préparation il est essentiel de réaliser des contrôles sur chacune de ces préparations, afin d’identifier d’éventuelles erreurs de dose ou de principe actif. Plusieurs techniques de contrôle existent, et parmi les plus employées pour sa fiabilité et son caractère non invasif (réduisant la contamination), on retrouve la spectroscopie Raman couplée à l’absorption UV.

Peu de données existent comparant cette technique UV Raman, à d’autres techniques telles que l’HPLC-UV-DAD, qui est plus complexe à mettre en œuvre, basée sur la séparation des analytes.

Une équipe allemande a publié, dans le journal scientifique ABC, une comparaison de ces deux techniques réalisées sur une même poche de chimiothérapie. Cinq principes actifs chimiques ont été employés : 5-fluorouracil, cyclophosphamide, gemcitabine, irinotecan et paclitaxel.

L’analyse a porté sur 136 préparations, provenant de 45 hopitaux. Toutes les préparations étaient diluées dans du NaCl 0,9%. Pour l’HPCL les échantillons étaient diluées (dans du NaCl 0,9%), à la différence des échantillons destinées au Raman. Les résultats étaient présentés en incertitude (uncertainity), calculée comme la racine de la somme des erreurs au carré.

Les incertitudes entre les deux techniques étaient comparables pour le 5-fluorouracile, cyclophosphamide et gemcitabine, alors que des différences sont retrouvées pour l’irinotécan et le paclitaxel. Fortement concentrées, les solutions de ces deux principes actifs ont montré une viscosité plus élevée et une nette tendance à mousser, ce qui peut entraîner des problèmes pendant le processus d’injection par l’échantillonneur automatique.

Peu d’études comparatives ont été réalisées. Ainsi la technique par Raman-UV est dépendante de la composition de la formulation, et ses limites (notamment liées à la formulation et à l’éventuelle préparation de l’échantillon) doivent être prises en compte.

A propos d’une expérience de centralisation de surveillance microbiologique de ZAC dédiées à la préparation aux USA — 9 novembre 2020

A propos d’une expérience de centralisation de surveillance microbiologique de ZAC dédiées à la préparation aux USA

La surveillance microbiologique est un élément essentiel de l’évaluation de l’intégrité et du contrôle des zones de préparation des médicaments stériles à l’hopital ; cette surveillance permet de garantir le maintien d’un niveau microbien en dessous de valeurs seuils d’intervention établies.

Des auteurs américains ont réalisé, dans le journal de pharmacie hospitalière américain, une description d’une organisation centralisée de cette surveillance entre plusieurs sites, en conformité avec la réglementation applicable (USP 797).

La surveillance microbiologique comprend ainsi la collecte d’échantillons viables, l’interprétation des résultats des échantillons, la planification et les investigations d’intervention en cas de valeur supérieur aux niveaux seuils attendus ainsi que la gestion des enregistrements.

La gestion centralisée par un personnel dédié et formé est potentiellement un moyen efficace pour les grands systèmes de soins afin de normaliser la gestion des résultats de la surveillance microbiologique et d’assurer la conformité réglementaire.

Risque d’exposition aux cytotoxiques à la déconnexion des tubulures de perfusion par les infirmiers —

Risque d’exposition aux cytotoxiques à la déconnexion des tubulures de perfusion par les infirmiers

L’équipe de la pharmacie de Toulouse a récemment publié dans le journal américain de pharmacie hospitalière un travail portant sur l’estimation du risque d’exposition aux cytotoxiques à la déconnexion des tubulures dans les services de soins.

La déconnexion de la ligne de perfusion après l’administration de médicaments cytotoxiques comporte un risque de contamination possible pour les soignants dans les services de soins ; intuitivement, rincer la tubulure après la perfusion pourrait diminuer la quantité de médicament cytotoxique restant susceptible d’exposer le soignant, en plus de permettre de perfuser la totalité de la dose au patient.

Dans l’étude de simulation de perfusion in vitro, le rinçage avec un volume de solution 3 fois supérieur au volume d’espace mort du set de perfusion n’a pas entraîné un nettoyage complet de la tubulure et a conduit à retrouver des traces de cytotoxiques ; Un rinçage avec un volume double du volume de l’espace mort a permis une perfusion> 99% de la dose préparée. Cette étude a été réalisée avec 3 cytotoxiques différents (dans différents solvants, à des débits de flush variable) et a utilisé, pour rechercher les traces résiduelles de cytotoxiques, une méthode analytique sensible (HPLC-UV), avec détection à la longueur d’onde appropriée pour chaque cytotoxique. La lipophilie de la molécule perfusée pourrait avoir une influence sur l’efficacité du rinçage, mais pas le choix du solvant ou le débit.

Ainsi les auteurs concluent à un risque constant d’exposition quand ils deconnectent la tubulure, à la fin de la perfusion. Pour l’éviter, il pourrait être utile d’évaluer des dispositifs médicaux de type « système clos » sur les extrémités des tubulures.

Quelle réglementation pour participer à la préparation et réaliser la dispensation des CAR-T cells en France — 10 février 2019

Quelle réglementation pour participer à la préparation et réaliser la dispensation des CAR-T cells en France

Un article récemment publié dans le Bulletin du Cancer fait le  point sur l’organisation des Car T cells en France. Deux auteurs impliqués dans la recherche clinique sur les médicaments de thérapie innovante (MTI), le Pr Chabannon de Marseille et le Pr Larghero de Paris, présentent la situation française actuelle.

Les CAR-T Cells sont des lymphocytes T génétiquement modifiés pour exprimer un récepteur chimérique à l’antigène (« chimeric antigen receptor » ou CAR). Leur intérêt a été montré dans le cas des hémopathies lymphoïdes B de  haut grade ou à un stade avancé aux Etats Unis, il y a quelques années, et son utilisation en France est en  train de se mettre en place, avec la nécessité de se fondre dans la réglementation européenne. Ces produits rentrent dans la catégorie des médicaments de thérapie innovante (MTI).

Ainsi le distinguo  est fait entre :

  • Les CAR T cells industriels, comme ceux ayant eu récemment une autorisation de mise sur le marché, à savoir Kymriah° (tisagenlecleucel) et Yescarta° (axicabtagene ciloleucel). Il s’agit de  Car t cells autologues c’est-à-dire dérivant du donneur ( nécessitant un prélèvement qui est aussi contrôlé en plus par la société, expédié vers un site centralisé de fabrication du médicament final (« central manufacturing organization » CMO), rarement en France. Le don est ensuite transformé et remis à disposition sous la forme d’une suspension cellulaire cryopréservée en poche ou en tube qu’il va falloir retourner  vers l’hopital ou il sera in fine administré.  La complexité de la problématique du stockage au sein d’installations de cryobiologie sécurisée dans les hopitaux est présentée, ainsi que la parfois nécessaire manipulation lors de la décongélation.

  • Les CAR T cells préparés sous le statut de MTI-PP ou de médicament expérimental, c’est-à-dire non manufacturés par un établissement pharmaceutique, mais par une structure hospitalière ou de l’EFS (dits « hospital exemption »). Les couts importants  et les lacunes du financement de structures de production dans ce contexte de recherche clinique sont aussi présentées, ainsi que les perspectives de développement de CMO d’avantage locaux et susceptibles de répondre à des prestations à visée de recherche clinique de petite échelle,

Enfin les problématiques de financement, la nécessité d’une prise en charge de ces produits mais aussi de tous les coûts associés des séjours des patients sont présentées dans la conclusion ; les interfaces à développer entre industriels, hopitaux, acteurs de la recherche clinique, mais aussi autorités de tutelles se doivent encore d’être définis.

Etude de la contamination microbiologique d’un automate de préparation de cytotoxiques à l’hôpital — 8 février 2019

Etude de la contamination microbiologique d’un automate de préparation de cytotoxiques à l’hôpital

Des auteurs néerlandais employant l’automate APOTECA CHEMO ont étudié, dans Eur J Pharm Sci, la contamination microbiologique à l’intérieur de l’automate, notamment lors de la ponction répétée dans un même flacon. Cet automate sert à réaliser des préparations de cytotoxiques. La vidéo présente cet automate.

apoteca

Les flacons et produits le nécessitant sont préalablement décontaminés par de l’alcool isopropylique à 80% avant d’être entré dans la zone de chargement de l’automate placé dans une zone de classe C. L’automate est quotidiennement et manuellement décontaminé en fin de journée.

Trois opérateurs différents ont fait réaliser par l’automate des opérations divers (reconstitution d’un liquide, …) sur 3 jours 32 poches de volume comprises entre 50 et 250 mL ; aussi 50 flacons reponctionnés 6 fois chacun ont servi au remplissage avec du milieu de culture de 300 seringues de 15 mL, durant 8 jours.

Des prélèvements environnementaux d’air et de surface étaient réalisés en parallèle. Un comptage particulaire situé au point le plus critique de l’automate était réalisé en continu.

Aucune contamination n’était retrouvée quelque soit le prélèvement.

Ce travail permet de définir une méthodologie à adopter pour assurer la validation microbiologique d’un automate de préparation en environnement de production hospitalière.

Geersing TH, Franssen EJF, et al. Microbiological performance of a robotic system for aseptic compounding of cytostatic drugs. Eur J Pharm Sci 2019.

Diplôme Universitaire préparations aseptiques de médicaments à Lille : il reste encore des places ! — 2 novembre 2016