Preparations hospitalieres et magistrales

veille bibliographique en langue française sur la préparation/fabrication de médicaments en pharmacie à l'hopital et en pharmacie d'officine

Sofosbuvir (SOVALDI°) ou la santé hors de prix : LE (début du) scandale ! — 8 septembre 2021

Sofosbuvir (SOVALDI°) ou la santé hors de prix : LE (début du) scandale !

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Dans un récent ouvrage, « La santé hors de prix : l’affaire SOVALDI » (RAISONS D’AGIR Editions), Olivier MAGUET, membre de l’ONG Médecins du Monde déconstruit et explique comment un traitement novateur, celui de l’Hépatite C, découvert dans une Université, a conduit à coûter à la Société 84 000 euros par patient !

L’auteur présente dans une première partie comment un médicament, originellement découvert par un universitaire de Cardiff, P. Perrone, a été racheté et développé par une start up, Pharmasset, qui l’a revendu à prix d’or (10 milliards de Dollars !!) à une firme pharmaceutique, qui a également pu en récupérer plus de 60 milliards de Dollars !

Les dépenses publiques massives engendrées par ce médicament ont conduit aux USA à une enquête menée par les sénateurs Wyden et Grassley. Cette enquête a permis de révéler au public et faire toute la transparence sur la définition du prix, bien loin de son coût de développement et de recherche, mais davantage dans une stratégie du maximum de profits possible, défini au travers d’échanges avec les Key Opinion Leaders et décideurs publics accessibles de chaque pays.

L’auteur évoque aussi les idées fausses, définies par la firme, du coût lié au gain pour la collectivité, et la course au brevets, sous couvert de course à l’innovation, avec toutes les dérives associées (les patent trolls, la titrisation, …).

L’ouvrage se termine sur la faillite et le renoncement des Etats, notamment de la France qui a renoncé à mettre en application la licence d’office dans le cas du SOVALDI, mais aussi dans le cas de tous ces nouveaux traitements avec des prix non soutenables pour la collectivité.

Un ouvrage indispensable, à mettre entre toutes les mains de tout professionnel de santé et citoyen préoccupé par les dérives, à l’heure de l’arrivée du ZolgenSMA (Deux millions euros l’injection, pourtant issu de la recherche publique et des fonds du Téléthon !) et de nombreuses biothérapies…

Quelle réglementation pour participer à la préparation et réaliser la dispensation des CAR-T cells en France — 10 février 2019

Quelle réglementation pour participer à la préparation et réaliser la dispensation des CAR-T cells en France

Un article récemment publié dans le Bulletin du Cancer fait le  point sur l’organisation des Car T cells en France. Deux auteurs impliqués dans la recherche clinique sur les médicaments de thérapie innovante (MTI), le Pr Chabannon de Marseille et le Pr Larghero de Paris, présentent la situation française actuelle.

Les CAR-T Cells sont des lymphocytes T génétiquement modifiés pour exprimer un récepteur chimérique à l’antigène (« chimeric antigen receptor » ou CAR). Leur intérêt a été montré dans le cas des hémopathies lymphoïdes B de  haut grade ou à un stade avancé aux Etats Unis, il y a quelques années, et son utilisation en France est en  train de se mettre en place, avec la nécessité de se fondre dans la réglementation européenne. Ces produits rentrent dans la catégorie des médicaments de thérapie innovante (MTI).

Ainsi le distinguo  est fait entre :

  • Les CAR T cells industriels, comme ceux ayant eu récemment une autorisation de mise sur le marché, à savoir Kymriah° (tisagenlecleucel) et Yescarta° (axicabtagene ciloleucel). Il s’agit de  Car t cells autologues c’est-à-dire dérivant du donneur ( nécessitant un prélèvement qui est aussi contrôlé en plus par la société, expédié vers un site centralisé de fabrication du médicament final (« central manufacturing organization » CMO), rarement en France. Le don est ensuite transformé et remis à disposition sous la forme d’une suspension cellulaire cryopréservée en poche ou en tube qu’il va falloir retourner  vers l’hopital ou il sera in fine administré.  La complexité de la problématique du stockage au sein d’installations de cryobiologie sécurisée dans les hopitaux est présentée, ainsi que la parfois nécessaire manipulation lors de la décongélation.

  • Les CAR T cells préparés sous le statut de MTI-PP ou de médicament expérimental, c’est-à-dire non manufacturés par un établissement pharmaceutique, mais par une structure hospitalière ou de l’EFS (dits « hospital exemption »). Les couts importants  et les lacunes du financement de structures de production dans ce contexte de recherche clinique sont aussi présentées, ainsi que les perspectives de développement de CMO d’avantage locaux et susceptibles de répondre à des prestations à visée de recherche clinique de petite échelle,

Enfin les problématiques de financement, la nécessité d’une prise en charge de ces produits mais aussi de tous les coûts associés des séjours des patients sont présentées dans la conclusion ; les interfaces à développer entre industriels, hopitaux, acteurs de la recherche clinique, mais aussi autorités de tutelles se doivent encore d’être définis.

Diplôme Universitaire préparations aseptiques de médicaments à Lille : il reste encore des places ! — 2 novembre 2016
Session « médicaments de thérapie innovante (MTI) et médicaments de thérapie innovante préparés ponctuellement (MTI-PP) » – HOPIPHARM #hopipharm16 — 22 mai 2016

Session « médicaments de thérapie innovante (MTI) et médicaments de thérapie innovante préparés ponctuellement (MTI-PP) » – HOPIPHARM #hopipharm16

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Le congrès de pharmacie hospitalière, organisé par le SYNPREFH, s’est déroulé du 18 au 20 mai 2016 à Clermont-Ferrand.

Une session sur les médicaments de thérapie innovante (MTI) et médicaments de thérapie innovante préparés ponctuellement (MTI-PP) s’y est déroulée.

Une session portait sur la réglementation des MTI, par A. Fabreguettes de l’APHP. Celui-ci a présenté les différences entre les médicaments de thérapie génique, les médicaments de thérapie cellulaire, issus de l’ingéniérie tissulaire, a réexposé les médicaments actuels et à venir et les risques à prendre en compte pour ces produits.

Claude Bernard de la Pitié Salpétrière a présenté les BP et la pratique de la thérapie cellulaire, avec la présentation des domaines de responsabilité, de l’importance de la traçabilité.

Ensuite deux expériences hospitalières ont été présentées :

  • Le CHU de Lille (Michèle Vasseur), pharmacien, qui a présenté le circuit et les exigences d’une reconstitution finale internalisée à la PUI, dans des locaux normalement dévolu à la production des cytotoxiques, dans le cadre d’un essai clinique.
  • Le CHU de Nantes avec une structure réalisant déjà une activité de production de thérapie cellulaire (Florence Vrignaud), qui a signé une convention avec la PUI, et qui a présenté la démarche mise en œuvre auprès de l’ARS.

 

Le résumé de la session par Hopipharm est la suivante :

Les médicaments de thérapie innovante (ou MTI) comprennent les médicaments de thérapie génique et cellulaire ainsi que les médicaments issus de l’ingénierie cellulaire ou tissulaire et les médicaments combinés de thérapie innovante.

Ces MTI, réglementés en 2007 par la Communauté européenne et prévus dans la loi n° 2011-302 du 22 mars 2011, se développent dans nos établissements hospitaliers.

 

Jean-Roch Fabreguettes, pharmacien à l’AGEPS de l’AP-HP, définit ces différents nouveaux médicaments :

– médicaments de thérapie génique : l’effet thérapeutique dépend directement de la séquence d’acide nucléique recombinant,

– médicaments de thérapie cellulaire : les cellules doivent avoir fait l’objet d’une modification substantielle ou ne sont pas destinées aux mêmes fonctions chez le donneur et chez le receveur.

Selon le Comité des médicaments de thérapie innovante, les modifications substantielles concernent la culture, le transfert de gènes, les modifications du génome et les altérations du phénotype.

– médicaments issus de l’ingénierie tissulaire : contiennent les cellules ou tissus qui ont été soumis à une manipulation substantielle , de façon à obtenir des caractéristiques biologiques, des fonctions physiologiques ou des propriétés structurelles utiles à la régénération, à la réparation ou au remplacement recherchés. Les cellules ou les tissus ne sont pas destinés à être utilisés pour la (les) même(s) fonction(s) essentielle(s) chez le receveur et chez le donneur.

D’un point de vue réglementaire, les MTI sont des médicaments soumis au monopole pharmaceutique, aux BPF et BPP, doivent avoir une AMM européenne et dépendent de la pharmacovigilance.

Les MTIpp (préparés ponctuellement) doivent être fabriqués en France dans des établissements spécialisés mais pas forcément pharmaceutiques. Ils doivent être utilisés en France, sur prescription médicale et pour un malade déterminé.

Aujourd’hui, plusieurs médicaments n’ont jamais été commercialisés en France. Deux médicaments vont l’être très prochainement : HOLOCLAR (Chiesi)  pour les brûlures oculaires et IMLYGIC (Amgen) pour le mélanome.

Dans l’avenir, les CAR T Cell sont prometteuses. Plusieurs grandes firmes ont des programmes de recherche en cours. Il s’agit de lymphocytes T du patient prélevés au patient puis modifiés génétiquement in vitro de manière à leur faire exprimer un récepteur artificiel dit chimérique.

Ensuite, sont évoqués les risques aussi bien pour les personnes (risque d’infectiosité, réplication, résistance) que pour les produits (chaine du froid et risque septique car pas de filtration possible).  Tout cela conduisant au final à une formation et une information indispensable des différents acteurs.

Claude Bernard, du GH Pitié Salpétrière (AP Paris), évoque la qualité des produits et fait le parallèle entre les Bonnes Pratiques de thérapie cellulaire (OCT 2010) et les Bonnes Pratiques pharmaceutiques. On retrouve les mêmes critères sur les ZAC, la réception des prélèvements, leur traitement et la traçabilité.

Les MTI nécessitent une congélation à -180° imposant des manipulations particulières : utilisation d’agent cryoprotecteur (DMSO 10%), une descente en température avec de l’azote liquide et la conservation dans des enceintes thermostatiques (cuve à azote) et, enfin, le stockage dans de l’azote gazeux ou liquide.

De la même façon, la décongélation doit se faire selon des procédures peu habituelles dans nos PUI : décongélation à sec ou au bain-marie, puis lavage des cellules pour éliminer le DMSO.

La dernière partie de la session est un retour d’expérience de 2 établissements : Michèle Vasseur pour le CHU de Lille et Florence Vrignaud pour le CHU de Nantes. Dans ces cas, la préparation de MTI se fait dans le cadre de recherche biomédicale.

A Lille, un seul MTI est préparé : le T-VEC pour le traitement du mélanome. Le flacon est reçu prêt à l’emploi, congelé à -180°. Il doit être décongelé et mis en seringue pour injection intra-tumorale. Différentes pistes ont été étudiées (laboratoire de virologie, plateau de thérapie cellulaire, zone de fabrication des médicaments non dangereux) mais c’est la zone de fabrication des anticancéreux qui a été retenue.

La manipulation se fait dans un isolateur de transfert dédié et en système clos (PHASEAL). Toutes les étapes ont été validées par le promoteur.

La prescription se fait de la même façon que pour les chimiothérapies (même circuit et même logiciel) mais les unités sont différentes (PFU/ml, prescription en volume et selon la taille de la tumeur) et nécessiteront donc de faire évoluer les logiciels.

De nombreuses procédures ont été mises en place pour la réalisation de contrôles, pour réduire le risque de contamination croisée et pour protéger le personnel

La préparation est réalisée en dehors des heures d’ouverture de l’unité soit avant 7H ou après 17H.

La solution lilloise, très protocolisée, fonctionne correctement pour ce MTI mais ne serait pas forcément reproductible pour d’autres. Une réflexion est en cours pour des locaux dédiés dans la future PUI.

A l’inverse, Nantes s’est orienté vers une démarche de rapprochement PUI et unité de thérapie cellulaire et génique (UTCG). Après étude des locaux, de la faisabilité, il a été décidé de créer une antenne de la PUI au sein de l’UTCG avec gestion par un pharmacien rattaché à la PUI. L’ARS a été sollicitée et c’est finalement un dossier de demande de modification de l’autorisation initiale de la PUI qui a été déposé. Cette autorisation a été obtenue en juin 2015.

La solution lilloise permet de répondre à toutes demandes de préparation de MTI.

 

En conclusion, il apparaît que les 2 approches sont différentes mais qu’elles répondent à la demande des promoteurs et des cliniciens.

 

Une discussion s’installe dans la salle autour de la réelle compétence des pharmaciens hospitaliers dans ce domaine. Pour certains, le pharmacien reste le spécialiste de la galénique et le garant des BP. Pour d’autres, les unités de thérapie cellulaire ont davantage la connaissance « produit ». Tout le monde s’accorde pour dire qu’une formation est indispensable. Il est évoqué la réforme du DES qui pourrait proposer 2 « hyper spécialités » à savoir la radiopharmacie et la fabrication des MTI.